À El Max, un projet unique de restauration du village est en train de se bâtir par les mains de ses habitants. Ce projet est animé par l'ONG Gudran.
El Max est un petit village des pêcheurs, situé à l'ouest d'Alexandrie, près d'El-Agami. Les maisons sont alignées des deux côtés d'un canal utilisé pour se débarrasser des déchets. Celles-ci sont construites selon les besoins du métier des habitants. Du côté de l'eau, une chambre donne sur un bateau. Les objets nécessaires à la pêche sont entreposés dans cette chambre, qui à la fois liée et séparée du reste de la maison. C’est un design unique créé par les pêcheurs, qui ont su adapter leurs besoins à la nature. Les maisons ont un seul étage. Les murs sont ornés par des dessins simples et colorés représentant le plus souvent les éléments de l'environnement comme la mer et les poissons. Ce sont les jeunes villageois qui ont réalisé ces dessins. Mais c'est Gudran qui est à l'origine de l'idée.
Gudran est une organisation non gouvernementale (ONG) de l'art et du développement, formée par un groupe des artistes, unis par leur croyance en l'importance de l'art et en son pouvoir, comme moyen de communication et de développement. Leur conscience sociale les a incités à quitter les expositions et à utiliser l'art d'une manière plus efficace. Leur message est simple : développer les sociétés marginalisées à travers l'art sans toucher à l'identité du lieu.
Gudran a trouvé à El Max, un milieu propice pour ses idées. La particularité du lieu l'a attirée et l'a beaucoup inspirée. Ses artistes ont décidé de restituer le village et de réorganiser ses maisons à l’aide des habitants. Transmettre leur conception aux familles des pêcheurs n'était pas du tout une mission facile. Penser à la beauté de l'art est un luxe dont les pêcheurs sont privés. « Dans un tel environnement, on a tendance à se fermer. L'isolement est conçu comme une sorte de protection. On a toujours peur de tout ce qui est nouveau et étranger », explique l’un des participants au projet de restauration.
Les enfants: le cheval de Troie
Il fallait un moyen, un cheval de Troie qui permette à Gudran de pénétrer dans le village. La solution était là, dessinée par leurs innocents sourires sur leur visage curieux : les enfants. « Les enfants avec leur créativité encore vierge offrent toujours les meilleurs clés, c'est ce que j'ai tiré de mon expérience dans de pareils projets », indique Aliaa El Gready, conseiller artistique du projet. Mais d'abord l'ONG avait besoin d'un lieu à partir duquel elle pouvait mener son oeuvre. Ainsi, « on a essayé de se rapprocher des hommes du village. Le café (où se rencontre les gens presque quotidiennement) nous a beaucoup servi », raconte Samah El Halawany, le directeur général du projet, à la tête d’une équipe de 16 membres. Finalement, l’association a réussi à obtenir un petit immeuble de trois étages, qui est devenu plus tard le centre culturel du village. Formé d'abord par des ateliers artistiques pour les enfants, le projet s'est élargi. Il renferme, aujourd'hui, un centre sportif et un autre médical, un atelier de tissage pour les femmes et des classes d'analphabétisme. C’est Samah Nagib, une jeune femme d'El Max, qui a eu l’initiative de ces cours. Le projet a porté ses fruits dès la première promotion. Il y a maintenant deux classes formées de 37 étudiants, rassemblant hommes, femmes et enfants. « On a même réussi à convaincre quelques uns de continuer leurs études », assure-t-elle fièrement.
Quant à l'atelier de tissage des femmes, " On essaye de faire de chaque produit une œuvre d'art exprimant l'identité propre d'El Max.", souligne Aliaa El Gready.
Gudran a proposé l'idée de restauration du village et a convaincu les habitants d'El Max, qui à leur tour ont mis l'idée en application selon leur propre vision et leurs goûts personnels. Le superbe résultat encourage à renouveler l’expérience ailleurs.
Fatma A. Kamel
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