dimanche 16 décembre 2007

"Cette rue est la mienne, j'y ai passé toute ma vie"

Les enfants des rues en Egypte, un sujet d'éternel débat. En dépit des associations et des mesures, le phénomène persiste et prend même de l'ampleur. Reda, onze ans, est une petite fille parmi des milliers d'autres au Caire, qui prennent le ciel comme toit.

« Donnez-moi 25p. », c'est ce que Reda répète toute la journée. C'est son métier qu'elle exerce 6 jours par semaine de 10 à 8h. « Tôt le matin », elle se réveille dans sa maison à Beni Suwaif et se prépare pour le voyage au Caire. « Nous, ma mère et moi, nous prenons une voiture de notre village à El Monib et de là, on prend un bus pour arriver à l'université. La route prend presque deux heures et nous coûte 5 LE. », raconte Reda. Elle arrive à la rue de l'université à 10 heures du matin et y reste jusqu'à 8 heures de soir. Elle ne quitte jamais cette petite place en face de l'université, elle se déplace entre le portail principal, l'obélisque et la station d'autobus. Reda pense qu' « en général les gens ici sont gentils, ils me donnent de l'argent. » De l'argent qu'elle donne par la suite à sa mère qui se trouve souvent près d'elle. « Là voila, c'est elle qui boit de la fontaine ».Elle désigne sa mère du doigt. « On y va souvent pour se laver le visage ou pour boire quand il fait chaud », continue la petite fille. Reda s'est bien appropriée de la rue qu'elle fréquente il y a déjà neuf ans. « Je viens depuis que je suis de cette taille », dit-elle en montrant la taille par le banc de la station de l'autobus. Comme la plupart des Egyptiens, Reda ne travaille le vendredi. « Je reste à Beni Suwaif. Je vais à la mosquée pour faire la prière avec mes amis et ensuite on va jouer au village », décrit la petite travailleuse.

La bouée de sauvetage est là, mais est-ce qu'on a l'envie de la saisir ?

Une grande pancarte, que les enfants des rues utilisent pour se protéger du soleil, se trouve en face de l'université. C'est une annonce de l’assistance téléphonique 16000 pour sauver les enfants, inaugurée en 2005. Reda, qui n'est jamais allée à l'école et qui ne sait ni lire ni écrire, sait bien de quoi il s'agit. « C'est la ligne 1600 pour sauver les enfants. On les prend et leur donne beaucoup d'argent, des nouveaux vêtements et ils vivent dans de très belles maisons. Je connais bien. J'ai même essayé de leur téléphoner une fois de cette cabine, mais j'ai mal composé le numéro. On m'a demandé de le rectifier », se souvient-elle en imitant la voix de la machine. Même si elle sait bien le numéro maintenant, elle ne téléphone pas à l'association. "A quoi bon le faire? Je suis toujours avec ma mère et j'aime être ici, j'ai beaucoup des amis et tout le monde me connaît." En général, Reda ne semble pas être intimidée par son statut. Elle ne veut pas aller ailleurs. Reda dont le nom signifie satisfaction comprend bien le sens de son nom. Elle l'interprète par le geste typique de deux baisers sur la face et l'envers de sa main en disant: « el hamdoulillah. » Reda connaît bien son nom mais elle ne sait pas qui le lui a choisit. Elle comprend bien son sort mais elle ne sait pas pourquoi il lui a été attribué.

Fatma A. Kamel

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