Un écrivain égyptien plonge ses lecteurs au cœur de la société cairote d'aujourd'hui, au rythme original de ses passages d'un taxi à l'autre. Portrait.
« L'écriture c'est comme la danse, pour s'y mettre, il faut d'abord se libérer et être en harmonie avec soi-même. » C'est en ces termes que Khaled el-Khamissi, auteur de Taxi, définit sa relation avec une passion qui semble lui être transmise de père en fils. Ecrivain, mais aussi journaliste, réalisateur et metteur en scène, il multiplie les fonctions tout en restant à l'écoute des personnes dont il se sent le plus proche: ceux qui luttent pour gagner leur pain. Dans son livre, il peint cette classe à travers leurs paroles, dites sur le ton de la confidence, ou sur un coup de gueule. Et le résultat est là : un livre touchant qui fait un tabac auprès du public. Ce quadragénaire, père de trois enfants, n'a pourtant pas navigué sur des eaux tranquilles avant d'arriver à ce qu'il appelle « l'expérience la plus excitante de sa vie ». Né au sein d'une famille d'intellectuels et d'écrivains, il s'est vite senti différent de ses camarades, « une fois, j'ai même été convoqué auprès du directeur pour avoir émis un avis contraire à mon professeur au sujet de l'accord de paix avec Israël », déclare-t-il en souriant au souvenir de cet incident. Paradoxalement, c'est aussi sa présence aux soirées littéraires qu'organisait son grand-père qui a failli lui ôter le courage de s'exprimer : qu'avait-il de nouveau à apporter après les oeuvres de ses prédécesseurs?
« Les Egyptiens ont un problème d'autocensure »
Mais c'est sa sensibilité exacerbée face a tout ce qui l'entoure et cette angoisse qu'il a la certitude de n'apaiser qu'en écrivant, qui finit par l'emporter sur ses doutes. Il écrit pour briser les barrières et dans l'espoir de détourner ce réflexe d'autocensure qui, selon lui, est le propre des Egyptiens. « Qu'on soit sur terre ou sur une autre planète, la peur qui nous habite nous pousse à modifier les paroles qui nous venait spontanément » affirme-t-il. Ce francophone amoureux de la liberté d'expression demeure cependant réticent face à l'adoption aveugle des idées occidentales dont certaines sont inapplicables dans la société égyptienne. Il préfère rester dans cette zone grise, entre deux mondes. Une zone où il est sûr de circuler en toute liberté.
Khaled el-Khamissi
1962 : naissance au Caire
1980 : il achève le cycle secondaire au lycée Bab-El-Louk
1984 : il termine ses études de Sciences politiques à l'Université du Caire
1986 à 1990 : journaliste à Al-Ahram, et dans d’autres titres
1989 : retour de son voyage en France
2005 : publication de Taxi, son premier roman
Pacynthe Sabri
lundi 10 décembre 2007
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